La pandémie a amené son lot de défis, d’incertitudes et de questionnements pour bon nombre d’entrepreneurs. Bien que j’aie débuté le travail autonome en plein cœur de cette période trouble, je n’ai pas connu la même pression que certains commerces qui comptent des employés et qui accueillent une clientèle à même leurs locaux. Comment réussir à garder ses clients fidèles et son staff motivé à travers les vagues du fameux virus qui impacte nos vies depuis deux ans ? J’ai eu la chance d’en jaser avec Laurie Bellerive, la dynamique propriétaire des centres athlétiques à Trois-Rivières.

Laurie, tu as toujours été une entrepreneure dans l’âme et tu as acquis très tôt tes centres de conditionnement physique. Tu es donc habituée aux défis de taille ! Cependant, on peut dire que la première vague de la pandémie a créé une onde de choc pour les propriétaires des gyms en mars 2020. Quels sont tes souvenirs les plus marquants de cette période ?
Je me rappelle avoir regardé le point de presse où le premier ministre annonçait que les commerces non essentiels, dont les gyms, devaient fermer. Jamais je ne me serais attendue à ça ! Mon cellulaire n’arrêtait pas de vibrer, tout le monde m’écrivait, c’était carrément fou ! On se souvient qu’à ce moment-là, on pensait fermer deux semaines. Pour garder nos membres actifs, on leur a proposé des entraînements à réaliser à la maison. On a beaucoup utilisé la vidéo et on s’est aussi familiarisés très rapidement avec différentes applications et plateformes web. Finalement, la fermeture s’est étirée. On a donc préparé un horaire de cours sur Zoom, un concours sur Facebook… On a même envoyé une liste d’exercices par la poste aux gens plus âgés, parfois moins présents sur les réseaux sociaux. Bref, on a fait plein d’affaires ! Dès qu’on a pu recommencer l’entraînement extérieur, les membres sont revenus suivre des cours en groupe dehors. Finalement, nous sommes rouverts après 98 jours. On peut donc dire que le mot qui décrit cette première vague est adaptation.

Vous vous êtes réinventés sur le web ! Ton objectif derrière toutes ces actions était de garder ta clientèle motivée et fidèle ?
Absolument ! Je souhaitais qu’on demeure dans la tête des gens et les retrouver à la réouverture. Je tenais aussi à faire contribuer mes employés, pour qu’ils conservent leur enthousiasme et leur sentiment d’appartenance. C’est toujours ma plus grosse crainte et mon plus grand stress, perdre du personnel.

Qu’aviez-vous fait avec les abonnements de vos membres ?
On avait « gelé » les abonnements des gens, mais on a vraiment assisté à une belle vague de solidarité. Une centaine de personnes n’ont pas voulu geler leur abonnement parce qu’ils étaient reconnaissants d’avoir pu participer gratuitement à toutes sortes d’activités virtuelles.
Tu as vécu une deuxième fermeture à l’automne 2020. Celle-ci était probablement davantage prévisible. Avais-tu anticipé le coup ?
Oh oui, on était prêts ! On avait travaillé tout l’été sur un ebook, qui a créé un réel engouement. On en a vendu presque 600 ! C’était vraiment génial. On a aussi fait un challenge des Fêtes, un programme sur trois mois qui s’appelait Believe, des cohortes semi-privées, de l’entraînement privé sur Zoom… On avait même mis sur pied la pause active à tous les matins ! Les gens en télétravail venaient bouger 15 minutes avec nous. De grosses entreprises ont embarqué, c’était vraiment stimulant malgré le contexte.

Sens-tu que ça t’a permis de conserver ta clientèle pour la réouverture qui a eu lieu le 8 mars 2021 ?
En toute honnêteté, les participants aux activités virtuelles représentent environ 5 % de nos membres. Les personnes qui fréquentent les gyms le font beaucoup pour l’aspect social, pour partager une passion commune, pour s’encourager dans les défis et petites victoires… Alors même si c’est plaisant l’entraînement à la maison, c’est certain que la dimension humaine manque.
La réouverture du printemps 2021, je l’ai trouvé très difficile. On ne pouvait pas offrir de cours en groupe, par la suite il y a eu le masque obligatoire en tout temps… Et après c’était l’été, qui n’a jamais été une saison très propice aux abonnements dans les gyms. La vraie reprise s’est fait sentir à l’Action de grâces.
Le conte de fées n’a donc pas duré longtemps, avec la vague Omicron qui a frappé le Québec de plein fouet et qui a entraîné de nouvelles mesures sanitaires avant les Fêtes. Cette vague était plus difficile à prévoir, qu’en est-il de ton côté ?
Le 20 décembre, je me suis réveillée comme si c’était une journée tout à fait normale. À 13 h, on a appris qu’on fermait à 17 h. J’avoue que ça m’a rendue vraiment triste, à l’approche de Noël, juste avant notre plus gros mois de l’année qui est janvier. C’était tout un choc. D’un autre côté, je n’aurais pas aimé que le gym demeure ouvert et devoir faire face à des éclosions, une logistique de fou à opérer, etc.
Tu es propriétaire de centres de conditionnement physique, mais également maman de deux jeunes enfants. Comment as-tu composé avec la gestion familiale à travers tous ces défis ?
J’en retiens uniquement du positif. Le travail a toujours été tellement important pour moi, que la pandémie m’a poussé à passer davantage de temps avec eux, pour eux. Ce sont donc deux années qui m’ont permis de profiter de beaux moments en famille et de m’émerveiller à voir mes enfants grandir.
Dans l’adversité qu’a amenée cette pandémie, quels sont tes principaux apprentissages ?
Ce qui me vient en tête, c’est que c’est primordial de prendre du temps pour nous. S’entraîner, faire de la méditation… Si on ne prend pas en main notre santé et que l’on requiert des soins, on risque de se buter à un système hospitalier fragile… C’est pour ça que c’est super important d’éliminer nos facteurs de risques. Tout le monde devrait maintenant être conscientisé, on a une responsabilité face à nous-mêmes, face à notre propre santé et notre bien-être.

Qu’as-tu le plus hâte de retrouver à l’ouverture des gyms ?
Nos membres ! Je suis impatiente de les revoir, je sais déjà quelles binettes je vais apercevoir en premier au centre. L’atmosphère de la première journée va être incroyable et je vais réellement savourer ce moment.